30.10.06

Nelson sous les Feux

28.10.06

Lampe Magique

Recule? Avance? Recule? Recule! Ah ok! on la recule d’une heure. Me semblais aussi. Bah! Ça ne fera juste qu’une heure de plus à rouler avec des clients un peu plus souls! Mais bon, en autant qu’on ne salisse pas mes sièges puis qu’on me paye à la fin. Je suis bien prêt à endurer leurs haleines fétides et leurs propos incohérents. Si ça se trouve j’y dénicherai peut-être la femme de ma vie ;-)))

Ce qui me fait le plus suer dans cette histoire d’heure à reculons c’est que je vais perdre le peu de soleil qui me restait. Je vais commencer et terminer mes nuits dans le noir. C’est d’ailleurs le problème que j’ai avec ce temps-ci de l’année. Ce n’est pas le froid, la flotte et tout ce qui s’en vient en fait d’intempourries ( Ce n’est certainement pas un chauffeur de taxi qui va se plaindre de ça le mauvais temps…) mais le manque de lumière. C’est dur sur la corporation !

Y’a quelques années je me suis acheté une de ces lampes dites de luminothérapie. Dans la soirée quand je viens me faire un café ou un petit quelque chose à me mettre sous la dent je me fais un bon bain de lumière. Un 15-20 minutes par soir, question de donner à mon organisme une illusion de jours meilleurs ;-) Je dois admettre que cet ajout de luminescence dans mon existence me fait beaucoup de bien. Ça m’aide définitivement à passer à travers l’hiver.

À ce temps ci de l’année, vous le savez, on manque de jus, on fatigue plus vite, le moral n’est plus ce qu’il est. En tout cas je le constate chaque soir dans mon taxi dans le visage de mes passagers et dans les conversations que j’ai avec eux. Je leur glisse alors deux mots sur ma lampe magique…

26.10.06

L'Honorable

Je pense que je vais mettre une croix sur le calendrier !

Ça arrive régulièrement dans le cadre de mon travail d'avoir à mon bord des personnalités. Des gens de théâtre, de télé, des politiciens, des journalistes, des joueurs de hockey, des musiciens, des artistes, des gens connus quoi. Mais avoir comme client un ex premier-ministre du Québec... J'en suis encore tout ému !

Dans la soirée on me donne cet appel au 110, rue Atwater. Par expérience je sais pertinemment que cette adresse correspond au marché du même nom mais la répartitrice ajoute que les passagers m'attendent à la porte C. Je ne sais pas encore quel "switch" bizarre s'est fait dans ma tête mais je me dirige de l'autre côté de la rue au Super C. J'y reste une couple de minutes avant de réaliser que je ne suis même pas à la bonne adresse. Je rappelle la centrale pour vérifier ce qu'on m'a dit exactement et me dirige en vitesse de l'autre côté de l'avenue. Je croise une jeune femme qui m'indique que mes clients m'attendent sans doute derrière le marché où une assemblée du Parti Québécois vient de se terminer. Je la remercie et fais le tour mais la rue derrière le marché est à contre sens. Je fais donc une manoeuvre pour reculer le taxi vers une femme qui s'avance avec une valise. J'ouvre le coffre et sors pour l'aider quand s'approche lentement vers nous cet homme qui fait déjà partie de notre histoire collective. Il s'aide d'une canne et peine à avancer mais il a un sourire accroché au visage et discute avec des gens qui l'entourent. Ma cliente dépose alors sa valise et lui offre poliment de prendre sa place. Être arrivé ne serait-ce une minute plus tôt, je n'aurais pas fait ce brin de causette avec l'honorable Jacques Parizeau.

- Je suis honoré de vous avoir à bord de mon taxi monsieur Parizeau.

- Bien je vous remercie.

Bien sûr le personnage tient du monument, mais je me suis rapidement senti à l'aise à ses côtés. Comme j'étais en congé le week-end dernier j'ai pu entendre l'entrevue qu'il a donné dimanche matin à l'émission de Joël le Bigot et la conversation s'est engagée à ce propos. Elle s'est poursuivie simplement, sans prétention et d'égal à égal. J'ai senti que cet homme était d'une authenticité qu'aucune télé ou radio ne pouvait rendre. Quand il te parle, il te regarde droit dans les yeux et ce n'est pas un regard fuyant que j'avais dans mon rétroviseur. Il m'a posé des questions sur mon métier, moi sur le sien. Je lui ai demandé s'il croyait que l'Union des Forces Progressives allait faire mal au PQ. Il m'a parlé du RIN en 1966 qui avait empêché les libéraux d'être réélus. On a parlé de l'état des routes, de son état de santé.

- Vous savez à 76 ans on ne se déplace plus aussi rapidement!

- Bah! C'est surtout entre les deux oreilles que ça se passe, vous êtes loin de faire votre âge.

- Je ne le fait peut-être pas mais je le sens en maudit par exemple ! Ajouta-t-il en riant de bon coeur.

Une vraie bonne conversation. Intéressante et intéressée. À destination, j'ai éteint le véhicule et j'en ai fait le tour pour l'aider à en sortir. Il m'a serré la main et m'a demandé mon nom. Un geste et une rencontre que je vais garder en mémoire toute ma vie.

Bon ! Il est où mon calendrier là ?

24.10.06

Raplombage

Rien de tel que d'aller prendre une bonne bolée d'air dans le nord, voir des des étoiles pis des amis de longue date, corder du bois pis se mettre les mains dans terre pour reprendre des forces avant d'affronter le frette, les chantiers de fin d'année, les nuits qui n'en finissent plus pis le rush des partys de bureaux qui vont commencer avant longtemps. D'ailleurs si la tendance se maintient, on prévoit l'apparition des premiers pères Noël dès la semaine prochaine. En espérant que mon taxi ne se change pas en citrouille d'ici là.

20.10.06

Poudré récurrent

Sur la « cruise » dans le bas de la ville, j’essaie de faire le tour des endroits où se trouvent des clients éventuels en tentant d’éviter le trafic, les travaux et surtout d’avoir le moins possible de confrères devant moi. L’art de tourner en rond finalement. Quand c’est calme, ça en devient presque un exercice zen ou du moins un bel apprentissage dans la pratique de ne pas péter les plombs.

En temps normal j’aurais passé tout droit quand j’ai vu les deux hommes s’approcher de moi. Quand un des deux a du mal à se tenir droit et s’accroche à l’autre pour ne pas tomber, ce n’est jamais bon signe. Mais bon… Je tasse le taxi sur le côté question de laisser passer les véhicules qui me suivent mais les deux hommes se foutent bien d’eux et ils s’amènent lentement en bloquant le passage. Ça se met à jouer du criard un peu plus loin mais ça n’accélère pas le processus. La portière est ouverte depuis une minute mais les deux gars s’obstinent, l’un des deux monte de peine et de misère alors que l’autre fait un doigt d’honneur à celui qui klaxonne.

-Eh boss, amène-nous au coin de Prince-Arthur et St-Laurent mais va pas trop vite on a un peu bu…

-Pas de problème.


Quand on a des clients chauds, faut savoir doser entre prendre son temps pour ne pas que ça brasse trop et clancher pour s’en débarrasser le plus vite possible. Mais dans ce cas-ci, comme on me le demande, je m’efforce de lever le pied autant que possible en m’assurant de ne pas rater une rouge. Pourtant je n’ai pas l’impression que les gars ont bu outre mesure. En fait le mec n’aidait pas l’autre à se tenir debout mais le forçait à venir avec lui pour poursuivre une soirée bien entamée. La conversation entre eux deux va dans ce sens.

-Faut que j’me lève de bonne heure demain, j’n’ai pas le goût d’aller là bas,come on man essayes de me comprendre!

-Voyons donc, une dernière petite tournée, ça ne te tueras pas, moins vite boss!

-J’t’avertis une bière pis j’m’en vas !

-Ben oui, ben oui. Aye j’t’ai dis d’aller moins vite !

Ça ne prend pas la tête à Papineau pour comprendre que le gars a coulé son cours de respect 101. Dans mon rétro je capte le regard de son chum qui a l’air un peu gêné. Je me renfrogne mais fait quand même ce que je peux pour ralentir encore un peu. En tournant le coin St-Antoine & St-Laurent, mon petit boss de bécosse lâche un « Tabarnaque! ». Je me retourne pour lui demander c’est quoi le problème exactement quand je me rends compte que le gars essayait de se sniffer une ligne sur l’écran de son cellulaire. J’me rends compte aussi que ce gars là, je l’ai déjà eu comme client. C’est monsieur : "C'mon! Avance! Pèse dessus! Move it! T'es capable" qui vient de foutre un peu de poudre sur ma banquette.

Je ris dans ma barbe en repensant à la dernière fois. Le gars semble toujours carburer à la blanche, semble toujours ne pas se rendre compte à quel point il est pathétique et comme la dernière fois, il sort de sa poche une palette de billets et me lance un 20$ en me répétant encore une fois de ralentir. J’ai envie de lui dire qu’il était un peu plus pressé la dernière fois mais à la place, j’ôte mon pied de l’accélérateur et laisse l’auto avancer sur son élan. Ça en devient carrément ridicule et le gars qui veut aller se coucher se rends bien compte que le niaisage a assez duré. Il me dit que ça va aller, que je peux poursuivre mon chemin normalement. Je sors de ma poche un 10$ et lui remet. La course ne devrait pas couter plus de 8$.

Mais le poudré ne l’entends pas de la même manière. Il ne veut pas son change. C’est sa façon de traiter les autres en leur fermant la gueule à coups de billets. En ce qui me concerne c’est hors de question que j’accepte servilement ce 10$ supplémentaire. De toute façon le gars à qui j’ai remis le change trouve également que c’est absurde et la course va se terminer de la même manière qu’elle a commencée, avec une portière ouverte et deux mecs en train de s’obstiner.

18.10.06

Modifications

T'as mal dormi et t'as pas entendu sonner le réveil. Pas le temps de te raser, pas le temps pour un café, juste celui de pisser pis de t'en aller. Dans le métro alors que tu t'enlèves la merde que t'as encore dans les yeux, une fille assise devant toi délaisse un moment son 24 Heures pour te dévisager. Tu lui offre alors ton plus beau sourire ce qui la fait retourner illico presto à son journal sur lequel une pub annonce l'ouverture du salon du char modifié. Tu t'avances un peu pour voir où ça se passe exactement mais tout ce que tu vois est une sorte de "peutoune" tout aussi modifiée que les autos derrière elle. Derrière le journal, la fille te re-dévisage et change impétueusement de page. Tu bâilles en songeant qu'on vit une époque formidable: Chars modifiés, femmes modifiées, bouffe génétiquement modifiée et que dire du climat. Bienvenue dans l'ère du modifié songes-tu en continuant de bâiller.

Quelques centaines de bâillements plus loin, t'arrives au garage où le patron t'attends avec une contravention à ton intention. Tu t'étais fait coller y'a plus d'un mois devant un bar en attente d'un client potentiel. Un policier t'avait demandé tes papiers et t'avais fini par croire que tu t'en sauverais, tu te trompais. 42 piasses de plus dans l'enveloppe. De moins dans tes poches. Tu te dis que de la manière que c'est parti, ça va être une soirée géniale. Tu files un 2$ au mécanicien qui te demande d'amener le taxi pour vérifier l'huile.

Évidemment, le chauffeur de jour t'a laissé le taxi dans un état lamentable. Il a du se taper le rallye Paris-Dakar une couple de fois c'est sûr! Tu fais le tour du bloc et en sortant du Mali-boue, tu t'aperçois qu'il y a, bien cachée sous la crasse, une sale bosse sur l'aile avant. Le patron te demande alors d'entrer l'auto dans le garage pour débosser tout ça. Depuis quelques temps, les inspecteurs du bureau du taxi sont sur les dents et n'en laissent pas passer beaucoup. Personnellement tu t'en fous, ça fait en sorte que les véhicules que tu loues sont moins honteux mais c'est le proprio qui paie la note et il verse sa haine sur ces bureaucrates. Le mécanicien n'a pas l'air beaucoup plus de bonne humeur de devoir se taper des heures supplémentaires. Pour alléger l'atmosphère tu dis :

- Ça ferait une belle photo! Le boss et le débosseur!

A leurs réactions tu vois que ça ne sera pas nécessaire d'insister, les deux sont à prendre avec des pincettes et tu décides donc d'aller remplir un seau d'eau pour laver l'auto. Ça te fera toujours un «Car-Wash» de moins à payer. Une demi-heure plus tard, l'auto a presque l'air d'une neuve. Tu vas pouvoir faire ta nuit. C'est alors que tu t'aperçois que t'as oublié ton permis de travail chez toi. La journée étant ce qu'elle est, tu penses : «c'est sûr que je vais me faire prendre». Tu retraverse donc une ville-chantier en pleine heure de désappointe en te répétant:

- Faut pas que je m'énerve, faut pas que je m'énerve, faut pas que je m'énerve...

Après une grosse heure dans un inqualifiable trafic, t'arrives chez-toi complètement à cran. Tu penses te faire un café bien fort mais tu changes d'idée et tu retournes te coucher regagnant ainsi un peu de la journée qui était sur le point de te faire perdre ta nuit, te faire perdre la tête. Tu le sais, ton organisme s'en est trouvé bénéfiquement modifié.

16.10.06

A la Croisée . . .

14.10.06

Ligne Orange

Quelle concurence déloyale! Le métro fête ses 40 ans pis c'est gratos toute la journée ! Perso, j'fête mes 14 ans de route... Vais-je offrir mes courses à l'oeil
toute la nuit ? "I don't think so..." ;-) N'empêche que je trouve l'initiative excellente. J'adore le métro (surtout lorsqu'il tombe en panne ;-)) il m'a même inspiré ce petit texte pondu il y a bien une dizaine d'années. Je vous l'offre aujourd'hui pour marquer l'événement.

Pour les autres décus de ne pas avoir d'histoires de taxi aujourd'hui, je vous invite à faire un petit tour chez ce confrère de la rive-sud. Vous lui direz bonjour de ma part... ;-)



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Ligne Orange

J'ai connu Rose dans le temps qu'elle dansait dans le nord de la ville. Les shows exotiques, le cuir, les trucs en groupe, des combats dans le Jello, dans la boue; rassasier le client, Rose savait y faire. Quand j'lui parle du bon vieux temps, elle préfère en rire pis ben sincèrement moi aussi j'en ris.

Aujourd'hui Rose est "travailleuse de rue". De temps en temps j'vais prendre un café avec elle quand elle n'est pas trop prise. Puis là j'avais toute une nouvelle a lui apprendre.

-Bobby s'est sauvé de Bordeaux!!

Bobby, l'homme de Rose, mon vieux frère d'armes du Lac St-Jean que tout le monde appele Blueberry s'est fait buster sur notre dernier "hit". C'est le seul de la gang qui s'est faite prendre. Il en a pris pour dix ans surtout parce qu'il n'a jamais parlé de nous, ni de l'or. Rosa ne bronche pas, approche sa tasse, y verse du sucre pis d'la crème, a zigonne avec sa cuillère pis en regardant dans le vide de sa tasse pleine elle gueule:

- Tabarnaque Luc !! J'arrive pas à y croire !

Maudit que Rose est belle quand elle prends cet air intransigeant. Talons hauts, toute en jambes dans sa robe de pute, c'est de valeur que Bobby y'importe plus que quiconque pour elle. J'respecte ça.

-Rose, mon ange, tu sais que ça veut dire que les cops vont tchèquer le coin de près. Blueberry c'est pas un cave y'essayera pas de v'nir te voir pour l'instant, c'est trop dangeureux. Faut pas qu't'oublies que l'or yé toujours caché dans vieille cache du Plateau Mont-Royal. Viens on vas aller boire une couple de bokes, j'ai soif! Une couples de ptites pas chères broues que j'vas m'enfiler spine right trou, cré moé! On vas aller où s'qu'on allait toujours, avec Blueberry!

(Luc l'amène. Le bouncer fait savoir à Rose qu'elle est de trop.)

J'aurais pu règler ça avec le gros mais foutre le trouble attirerait l'attention. En sortant j'le regarde quand même avec mon air méchant.

-De mars 95, le mois qu'yé entré en tôle jusqu'à aujourd'hui j'ai pas craqué mais colisse Luc, là ça me fait mal de savoir Bobby dewors sans que j'puisse le voir, sans que j'puisse y toucher pour moé Luc c'est comme un dart qui m'rentre dans l'coeur!

-Bin Voyons Rose, tu vas pas en faire tout un plat!

-Ce dart me rentre dans l'coeur colisse Luc, ostie d'tabrnaque! D'ostie d'ciboire de crisse de calvaire de st-sacrament!

-Bon arrête de chialer là sinon j'retourne au carré. Victoria ma diseuse de bonaventure particulière m'attends sûrement. De toutes façons faut pas que tu t'inquiêtes, ton chum Bobby là, yé pas prêt d'y retourner en d'dans. L'allié Lucien ne dira rien, Georges va nier, Lionel grouillera pas d'un pouce pis sa blonde à l'a l'placenta rivé, ça fait deux semaines qu'à r'tarde. L'chinois Ivan Dho m'a dit qu'il partait à Toronto pis dans l'ouest d'la ville, la Maria ne parlera pas. Viens, fais toi z'en pas ça va se tasser. Viens t'en avec moi à soir j'ai d'la snow. Donnes moi la main pis viens t'en, c'est dans mon coat. Ste-Catherine c'est juste à côté. Enwoèye t'as l'air à plat. Mon don avec les femmes c'est d'avoir toujours d'la coke à portée d'la main, tu penses pas?

-Na! Murmura t'elle avec un début d'sourire pis un ptit bec sua joue.

On a marché jusqu'à l'econoline, une ptite punkette m'aborde:

-Aille les boeufs viennent de passer y disent que ton truck yé dins jambes pis que le gars y fallait qu'il l'enlève de là sa van, tu m'donnes tu une piasse?

Elle sentait la colle et glée à l'était bin dure.

-Tin v'la deux piasses, merci ma grande.

Rose a pris mon manteau dans le camion pis l'a enfilé.

-Hey Rose, en coat vert, tu me donnes des envies...

-Shut up Luc, moi j'ai envie de faire une ligne.

13.10.06

Marci Ben !

Je ne vous raconterai pas d'histoires ce matin

En fait je ne sais pas trop quoi dire. Je suis aussi surpris que vous de voir apparaître Un Taxi la Nuit au sommet de ce palmarès. Je suis également tout à fait d'accord avec M. Houssein sur le fait qu'il ne faut pas prendre ça trop au sérieux. N'empêche que je ne vous raconterai pas d'histoires ce matin, c'est sûr que je suis flatté. Pas d'être au top d'une liste mais surtout d'être apprécié par ceux qui viennent ici me lire et qui prennent le temps d'ajouter ce site dans leurs liens. C'est à chacun d'eux ce matin que je veux exprimer ma gratitude. Mille mercis !

Mais bon, ça m'empêchera pas de dormir ;-)

D'ailleurs c'est l'heure.

10.10.06

Histoires à la Course

Le chauffeur vient de négocier une course avec ces quatre jeunes gens. Il est d'accord pour les amener dans le nord de la ville pour 20 piasses. La soirée est tranquille, quand on lui demande un "deal" au départ d'un voyage il est conciliant.

Le jeune homme vient de passer quelques mois en Asie. Il a nagé dans le Mékong, a fumé de l'opium dans le triangle d'or, dans un café d'Ho Chi Minh, il a oublié un pack-sac. Rien de trop important sinon son journal de bord. Les mots de son périple.

Elle me raconte l'histoire d'un autre chauffeur, je lui raconte l'histoire d'un autre client. Ça se passe sur la rue Ontario entre Saint-Léonard et le Vietnam.

La course se passe bien, le chauffeur connaît bien le secteur, évite ici et là quelques lumières, brûle quelques jaunes. Le "yo" assis a côté de lui joue avec les boutons de la radio. Même si ça l'énerve, il le laisse faire, dans dix minutes ça en sera fait d'eux.

Sans rien espérer, il a fait traduire un tract qu'il distribue un peu partout dans la ville. Il offre une récompense pour qui ramènera son journal. Il l'affiche dans des cafés, dans des hôtels et des restos. Dans ce journal se trouvent des mois de sa vie. Des instants privilégiés figés par l'écrit.

Ma cliente est aussi jolie que la nuit. J'écoute son histoire qui n'est pas la sienne , elle écoute la mienne qui vient d'un client de la veille.

A destination le "deal" ne tient plus. On offre qu'un dix au chauffeur qui se rebiffe. On le menace, il appelle la police, trois se pousse, une reste.

On frappe à la porte de sa chambre d'hôtel , quelqu'un à retrouvé son journal et le lui rapporte. Ce n'est pas le sien.

Elle pourrait être ma fille si j'avais été père à l'âge qu'elle a. J' hume son parfum et bois ses paroles. Elle apprécie ma conduite. J'essaie de bien me conduire.

La police arrive et celle qui est restée accuse le chauffeur d'avoir essayé de lui toucher les seins. Il est outré, elle est convaincante, les policiers passent les menottes au taximan.

C'est un journal écrit dans une langue qu'il ignore. Il donne quand même un petit quelque chose à celui qui le lui a apporté et ramène dans ses bagages le cahier pour essayer de décoder ce qu'il recèle.

On a beau se raconter des histoires, la course achève, je lève le pied, fais durer le moment.

La police est sur le point d'embarquer le chauffeur quand se présente un homme qui observait la scène de sa fenêtre. Sa version rétablira les faits.

Dans le journal qui s'avérera danois, le jeune homme trouvera l'adresse d'une danoise ravie de retrouver ses mots.

Une histoire dans l'histoire de l'histoire, des mots, des vies, une nuit, une course.

Voilà.

7.10.06

Black & Blue

6.10.06

Humour Bête

La porte s'ouvre et un immense rottweiler saute dans le taxi et vient me lécher la face. Il s'en donne à coeur joie et m'inonde l'oreille de bave. Il retourne derrière renifler la banquette, revient devant me lécher la main, retourne derrière se cogner le museau dans la vitre, revient devant me remettre un autre coup de langue et le temps que son maître prenne place, le clébard à eu le temps de sentir ce qu'il y avait à sentir et mentalement je me dis que j'ai bien fait d'avoir mis une paire de bobettes nettes avant de partir.

- Ça te dérange pas les chiens ?

- J'vais te dire, je préfère les chiens à certains clients que j'embarque quand les clubs se vident.

- Hahaha ! J'en doute pas !

- Par contre je ne détesterais pas que certaines clientes viennent me faire des mamours de même dins oreilles...

- Si la prochaine que t'embarque te fait ça, elle va trouver que tu goûte drôle.

- Ouain l'after-shave au milk-bone ça a pas trop la cote.

On était tout les deux ben crampés. Le chien a qui j'avais fait une craque dans vitre est revenu dans le taxi pour voir ce qui se passait avant de retourner prendre l'air. Le gars l'amenait avec lui au boulot pour faire plaisir à des patients du centre Saint-Charles-Borromée sur René-Lévesque. Institution qui a fait les manchettes il n'y a pas tellement longtemps. C'est là que certains préposés s'en prenait physiquement à des bénéficiaires.

- Hum... J'imagine que la zoothérapie, c'est un peu plus efficace qu'une claque en arrière de la tête...

- Pas de doute. Pis pour laver un bénéficiaire c'est dur à battre.


J'en ai presque mouillé mes bobettes. ;-)

4.10.06

Taxi de Nuit


Dans ma DS ma vieille DS
Qu'est plus de la première jeunesse
Je commence vers les minuits
Jusqu'à sept heures sept heures et demie
Y'a une photo près du volant
Une vieille dame et un petit enfant
Y'a prière de ne pas fumer
De ne pas sortir du mauvais côté
Y'a une médaille de Saint Christophe
Pour éviter les catastrophes
Une carte postale de Tahiti
Un indicateur de Paris
C'est dans cette caisse que je gagne ma vie
On serre les fesses quand je conduis
Je fais le taxi de nuit

Je prends les gens qui rient qui pleurent
Qui défilent dans le rétroviseur
Les travelos qui perdent leurs bas
Les messieurs qui s'en vont au bois
Les noirs qui se marrent les femmes qui se barrent
Les gars qui boivent dans tous les bars
Je les surveille du coin de l'oeil
Pour pas qu'ils gerbent sur mes fauteuils
Je mets au lit tous les zombies
Ceux qui marchent seuls sous la pluie
Je fais le taxi de nuit

Un soir voilà qu'une fille un chassis
Belle comme un ange de paradis
Me donne une adresse à Neuilly
Et croise les genoux dans mon taxi
J'ai raté dix fois la première
J'ai même foutu la marche arrière
Quand dans le rétro elle a souri
J'ai mis en codes tout ébloui
Mon coeur fit un bruit de carrosserie
J'aurais même bouffé mon permis
Dans mon taxi de nuit

Vous qu'êtes comme une madonne madame
Pour moi y'a eu maldonne madame
J'ai glissé sur des peaux de banane
Toute ma vie sur le macadam
Y'a pas idée d'être aussi belle
C'est comme ça que la vie est cruelle
Ça fait mal à des vieux chiens comme moi
Qui se sentent encore plus seuls après ça
Est-ce qu'on vous l'a jamais dit
C'est pas bien d'être aussi jolie
Dans un taxi de nuit


Guy Marchand - 1982

2.10.06

OUF !